L’ultime Lettre de Patrice Lumumba ou «le destin brisé du Congo» à son épouse Pauline Opanga Lumumba et à l’Afrique

Cette lettre inédite destinée à son épouse Pauline demeura la dernière. C’est précisément un testament légué à son peuple et à l’Afrique. 60 ans après la mort brutale de son héros, nous sommes amenés à nous interroger: l’immense héritage du fils d’Afrique a-t-il été décrypté par ses héritiers?

Non! Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité, à souiller cette indépendance et ils continuent à le faire. En un mot, l’indépendance de l’Afrique est falsifiée. L’indépendance est un leurre. Le néocolonialisme demeure longuement, pollue, infecte l’Afrique avec la complicité de certains fils traites et égarés. Toutefois, ces héritiers indignes et déshonorants n’empêcheront pas les « Lumumbalistes » de briser les chaines du néocolonialisme mortifère, du capitalisme.

Lumumba, le premier« héros national» en République démocratique du Congo

Patrice Émery Lumumba est né à Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru, Congo belge, l’actuelle République démocratique du Congo). Il est mort assassiné le 17 janvier 1961 près d’Élisabethville au Katanga. Il fut Premier ministre de la République démocratique du Congo (République du Congo de 1960 à 1964) de juin à septembre 1960. Ce dernier demeure avec Joseph Kasa-Vubu, l’une des importantes figures de l’indépendance du Congo belge.

La dernière lettre de Patrice Lumumba à Pauline

Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance–ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai-je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés.

L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches.

L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo ! Vive l’Afrique !

Patrice Lumumba

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