Éric Fèvre. Spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut international de recherche sur l’élevage. université de Liverpool : Si la Covid du dromadaire mute, elle peut infecter plus facilement les humains

Après le pangolin et la chauve-souris, les dromadaires sont peut-être les vecteurs d’une souche virulente. D’ailleurs, l’Institut de recherche international sur l’élevage, basé à Nairobi, étudie les dromadaires, réservoir naturel du Mers-CoV, pour coronavirus du syndrome respiratoire hautement pathogène découvert en 2012 au Moyen-Orient et qui a fait près de 900 morts dans le monde depuis 2012. Dans cet entretien, Éric Fèvre revient sur ce virus.

  • Les dromadaires au Kenya sont susceptibles de transmettre un cousin de la Covid-19 aux humains. Quel est votre avis à propos de cela ?

Ce n’est pas tout à fait correct. Au Kenya, de nombreux chameaux ont été exposés au virus MERS, mais ce n’est probablement pas exactement le même virus qu’au Moyen-Orient. C’est un cousin du virus MERS du Moyen-Orient qui pourrait, s’il mute, devenir capable d’infecter plus facilement les humains. D’ailleurs, l’Institut international de recherche sur l’élevage et d’autres organisations comme la FAO font un travail de recherche sur cela. Il existe également de nombreux articles scientifiques qui ont été publiés à ce sujet.

  • Des études au Kenya montrent que le virus, qui circule chez les dromadaires, continue de passer régulièrement à l’homme. Que préconisez-vous dans ce cas ?

La solution est de renforcer la surveillance.  Il y a des milliers de dromadaires, et un risque théorique de transmission quand il y a des interactions avec les humains. Dans les populations qui ont des interactions intenses, il faut surveiller de façon systématique pour détecter l’émergence d’un virus qui peut infecter l’homme.

  • Faut-il craindre un nouveau virus ?

Il faut s’inquiéter des nouveaux virus, mais ne pas les craindre. Je dirais plutôt qu’il faut rester constamment en alerte et mettre un point sur la nécessité de surveiller les pathogènes potentiels dans les réservoirs animaux. Si on arrête de chercher et de comprendre, on sera devancés et aveugles aux possibilités futures.

  • Des études récentes suggèrent également que les dromadaires peuvent être une source de certaines infections humaines. Selon vous, pourquoi cet animal en particulier ?

C’est le cas pour le MERS, et quelques autres maladies zoonotiques, à l’exemple de la brucellose. Le dromadaire n’a rien de spécial dans ce domaine. Il faut savoir que la plupart des pathogènes qui touchent les humains sont d’une source animale, d’une sorte ou d’une autre. Autrement dit, si l’on prend les environ 1415 organismes infectieux aux humains, environ 61% de ces organismes sont zoonotiques – c’est-à-dire qu’ils résident habituellement dans un animal. En fait, les réservoirs animaux sont plutôt la règle et non pas l’exception, c’est juste que la plupart des gens n’y pense pas !

  • D’après le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité, les prochaines pandémies seront plus fréquentes et plus meurtrières. Un commentaire ?

Fréquentes oui et cela avec certitude. La raison est que les pathogènes qui arrivent chez les humains d’une source animale y arrivent quand nous changeons la façon dont nous interagissons avec notre environnement, notamment via la modification de notre environnement, l’intensification de l’agriculture, l’exploitation des zones écologiquement sensibles, etc. Malheureusement, l’homme ne cesse d’effectuer ce type de modifications. De plus, comme nous avons eu l’occasion de le constater avec la Covid-19, la mobilité humaine et les échanges globaux poussent des pathogènes émergentes à voyager autour du monde rapidement.

Source El Watan.com

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