
Patrice Talon, proclamé président élu le 15 avril avec près de 87 % des suffrages a prêté serment dimanche 24 mai à Porto-Novo, la capitale béninoise. Vainqueur d’un scrutin sans enjeu avec en face aucun candidat d’envergure, le chef de l’État, dont plusieurs opposants ont été arrêtés, s’engage à enraciner la démocratie.
Toutefois, depuis son élection en 2016, le Bénin, longtemps vu comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, a pris un tournant autoritaire.
L’élection présidentielle d’avril a été inédite: aucune de grandes figures de l’opposition n’y a participé, les principales étant en exil, et deux opposants importants, dont les candidatures à la présidentielle avaient été recalées, sont désormais incarcérés.
La campagne électorale avait également été marquée par des violences dans le centre du pays, où des manifestants avaient protesté contre l’absence de l’opposition au scrutin en bloquant une route, principale axe entre le Sud et le Nord du pays.
Il promet de donner le meilleur de lui-même à travers un quinquennat « hautement social », pour mériter au bout des cinq années, son sobriquet de « AGBON NON ».
Surnommé « AGBON NON » à l’occasion de l’élection présidentielle de 2016, Patrice Talon semble désormais prêt à assumer pleinement ce sobriquet. En 2016, il avait demandé à ses militants de lui accorder leur vote afin qu’il puisse montrer de quoi il est capable en tant que « AGBON NON ». Aujourd’hui, il annonce un engagement sans faille pour mériter ce sobriquet qui signifie « l’homme fort ».
« Ce mandat sera hautement social. Mon souhait en ce qui me concerne personnellement, c’est qu’il soit établi à la fin du mandat que j’ai donné le meilleur de moi-même pour notre satisfaction commune »,
La cérémonie a été brève avec comme temps fort la prestation de serment du président élu : « Nous, Patrice Athanase Guillaume Talon, juron de respecter la constitution, de nous conduire en loyal et fidèle serviteur du peuple. En cas de parjure, que nous subissons les rigueurs de la loi ».
Je vous veux rassurer. Je serais le président de toutes les Béninoises et tous les Béninois. Les élections ainsi que les incompréhensions ou que les querelles, c’est désormais du passé.
a déclaré le chef de l’Etat lors de la cérémonie d’investiture, qui s’est tenue au stade Charles de Gaulle de Porto-Novo.
Le président âgé de 63 ans a promis de poursuivre les réformes économiques et sociales engagées depuis son arrivé au pouvoir en 2016. Pour sa réélection, il a pu compter sur un bon bilan économique, avec notamment la réalisation d’infrastructures routières et énergétiques.
« Ces mesures seront sources de richesse et d’emplois », a promis le président, dont le slogan de campagne était « le développement, ça y est ».
Les invités sont installés dans les gradins et sous deux grandes tentes, dressées sur l’aire de jeu. Aucun opposant radical n’est présent. Il y avait une petite surprise tout de même : la présence de Robert Dossou. Cet ancien président de la cour constitutionnelle, très sévère avec les réformes politiques Talon.
« J’attends qu’il mette de l’eau dans son vin »
Beaucoup étaient surpris par sa présence, il s’explique devant la presse, « j’ai une mentalité institutionnelle, j’ai reçu une invitation et j’ai répondu à la République »
Et lorsque Patrice Talon proclame son nouveau crédo à savoir « liberté, démocratie et la bonne gouvernance », Me Robert Dossou commente : « Ça m’a donné espérance, le président a laissé entrevoir que désormais, c’est la liberté, la démocratie et la bonne gouvernance, comme il a dit que les affres que nous avons connues couleront désormais comme des éléments du passé, j’attends qu’il mette de l’eau dans son vin et que ceux qui sont en prison puissent être libérés. »
La cérémonie s’achève au son de la fanfare militaire. Patrice Talon qui a promis aux béninois un « mandat hautement social » se retire, mardi il annoncera son nouveau gouvernement.
Lors de la cérémonie dimanche, le président a affirmé: « les élections ainsi que les incompréhensions ou les querelles qu’elles génèrent, c’est désormais du passé ».
Il y a un mois, il avait affirmé lors d’un entretien avec la presse ne pas envisager de gracier les deux opposants emprisonnés.
Il avait aussi affirmé ne pas avoir la moindre intention de changer la Constitution afin de briguer un troisième mandat en 2026. Dimanche, lors de son discours, il a effectivement parlé d’un « ultime mandat ».
Béhanzin Agboli