
Les retrouvailles entre Laurent Gbagbo et ses partisans dans son ancien quartier général de campagne de Cocody-Attoban le jeudi 17 juin s’est déroulé dans une ambiance festive. Devant une foule acquise à sa cause, l’ancien président a été bref dans son allocution, sollicitant « à pleurer » d’abord ses « morts » et de parler « plus tard de la politique ».
«Je suis arrivé avec les yeux en larme parce que je n’étais pas là quand ma maman est décédée. Je n’ai pas été là pour l’honorer une dernière fois. Sans elle, je ne serais pas Docteur (en histoire, Ndlr) et président de la République. Sangaré a organisé les funérailles de ma mère. Mon Ami, mon frère, ne m’a pas aussi attendu pour que je lui dise merci, il s’en est allé. (…) Je demanderai au SG (Assoa Adou, secrétaire général du FPI, Ndlr) de me donner quelques jours pour pleurer les morts.(…)
Dès le milieu de la journée, il y avait auparavant des dizaines d’invités présents sur place, tandis qu’à l’extérieur les services d’ordre du parti faisait tout pour limiter les intrusions. C’était radieux, une ambiance saine, la sono jouait des tubes ivoiriens et des chansons de campagne pleines de paraboles à la gloire de Laurent Gbagbo. On chantait, on dansait, les gens étaient souriants.
L’excitation est montée d’un cran à l’atterrissage de l’ancien président, et alors que le cortège empruntait la route de Cocody, avant d’atteindre son paroxysme à l’entrée du véhicule dans le quartier général.
La nuit vient de tomber, il est 18h15 heures locale. C’est une véritable vague qui accompagne Laurent Gbagbo dans l’enceinte, et il a fallu toute la solidité du service d’ordre pour empêcher cette foule de jeunes, qui avaient défilé la journée dehors au soleil à faire la fête, de s’introduire dans le bâtiment.
« Je suis votre soldat, je suis mobilisé »
Beaucoup de tensions à ce moment-là, des palabres, des invectives contre les journalistes, le secrétaire général du FPI GOR Assoa Adou vient d’acquérir la parole pour introduire l’ancien président. Il tend le micro à son ami et chef politique. Dehors, la foule, massée autour du bâtiment, écoute la retransmission dans les haut-parleurs grésillant. Laurent Gbagbo prend la parole. Son allocution tient davantage du message que du discours politique. Visiblement fatigué par cette longue journée de tension, il lâche : la politique, il pourra en parler « plus tard ». Il a exigé le temps de « pleurer ses morts », évoquant avec émotion sa génitrice et son ami Aboudramane Sangaré décédé durant sa captivité. Il a aussi remercié les Ivoiriens et les Africains pour leur soutien, et a malgré tout eu cette petite phrase : « Je suis votre soldat, je suis mobilisé ». Avant d’adresser un mot pour saluer les résultats des dernières élections législatives et le retour de ses amis à l’Assemblée et dans le jeu institutionnel.
Une prise de parole concise un bref salut au balcon, et le massif service d’ordre du parti invite la foule à vider les lieux. Les invités présents depuis le midi, fourbus, s’exécutent prestement. Les jeunes restent, pour profiter jusqu’au bout de cette journée d’histoire dans leur pays.
Avec Chams Farel Koné